Dure, dure la reprise...[Ryuu machin chose xD]

Le sourire du jeune homme se figea alors que son sac chutait vers le sol, abandonnant lâchement son propriétaire qui se retrouva brutalement projeté contre les casiers, en position de faiblesse. Pire encore quand elle vint plaquer son corps contre le sien, Ryuunosuke sentit une cruelle humiliation poindre à l’idée que cette fille l’ait maitrisé si facilement et au vu de son sourire, ne tenait pas s’en tenir là. Bon évidemment vu son caractère arrogant cela ne serait pas la première fois qu’il se prendrait un coup mais il n’aimait pas tellement l’idée de frapper une fille, les idées de Satomi étant toujours présentes dans son crâne, quoique la Maxine n’avait pas grand-chose à voir avec une fille vu la manière dont elle l’avait brutalisé. Retenant difficilement une grimace de douleur, le japonais la dévisagea sans vergogne, s’amusant de leur différence de taille, se croyant de nouveau au Japon et puis elle l’avait agressé verbalement avant de le lâcher pour le repousser contre les casiers. Aussitôt Ryuu aussi douloureux que soient ses poignets s’efforça de n’en rien laisser paraitre, trop fier pour admettre la douleur fusant par la simple pression de ses mains sur sa peau claire. Et puis le sourire arrogant qu’il avait maintenu non sans difficulté pendant sa démonstration de force devint un sourire en coin, plus narquois lorsqu’il se rendit compte qu’elle se souvenait de lui. Pas très intelligente la fille mais ça ferait l’affaire… Cependant, le temps qu’il réfléchisse à quoi répondre, elle lui avait déjà dit de dégager. Fronçant les sourcils, le jeune homme savait qu’il n’en serait rien, il ne fuirait pas, ce n’était pas comme s’il avait peur d’elle, il en avait croisé des plus costauds, des plus coriaces, des plus virils et armés aussi. Remettant correctement sa veste, Ryuu retint un soupir, passa sa main sur ses cheveux et garda les yeux clos une demi seconde pour contenir toutes les répliques cinglantes qui fusaient dans son esprit. Adossé contre les casiers, le japonais croisa les bras, conscient qu’il allait sauter à pieds joints vers de la nitroglycérine dès qu’il allait entrouvrir les lèvres mais la fixa tout de même, sans se départir de son air suffisant malgré ses efforts.

OK… On recommence tout à zéro. Comme tu l’as dis avec tant de perspicacité, je suis japonais effectivement. Puisque je connais ton nom autant te donner le mien, je m’appelle Ryuunosuke Takehiro mais comme ça semble si difficile pour un américain moyen de s’en souvenir, on va faire comme si c’était Ryuu. Je dirais bien que je suis enchanté de faire ta connaissance Preston mais le mensonge et moi tu sais… L’arrogance fit place neuve à l’amusement tandis qu’il souriait, conservant ses yeux dans les siens. Quant à ce que je veux de toi, tu le sauras bien assez tôt, bien trop tôt à ton goût très certainement… Ravi de savoir que mon souvenir t’as autant marqué, tu me flattes.

Ensuite, il jeta un rapide coup d’œil à droite et à gauche, récupéra rapidement ses affaires tout autant que les siennes et s’avança jusqu’à saisir le poignet de la jeune femme et l’entraina vers le hall principal où se trouvaient les casiers, sans lui demander son avis, l’entrainant derrière lui. Une chance que tout les élèves étaient en cours enfin tous sauf eux et que par conséquent ceux qui s’y ennuyaient ne voyaient que leur visage, ne pouvant deviner que la jeune femme n’était qu’à demi vêtue. Bien sûr elle protesta mais il n’y tint pas garde, la tirant tout de même vers lui jusqu’à ce qu’ils arrivent devant son casier. Il déposa les affaires à ses pieds, histoire d’avoir les mains libres pour l’ouvrir et en ressortit un pantalon de sport noir qu’il lui tendit sans la regarder, en profitant pour y fourrer son propre sac de cours puis referma son casier.

Maintenant on est quittes Preston.

Il s’y adossa de nouveau, l’observant du coin de l’œil, croisant les bras, réfléchissant. Honnêtement elle ne lui paraissait d’aucun intérêt mais le simple fait de cacher une preuve aussi importante à la barbe de la vieille directrice l’amusait considérablement et mine de rien c’était pour cette raison que le jeune homme lui avait passé son pantalon de sport qu’il ne conservait jamais au gymnase, parce qu’elle l’amusait. Dans un monde où l’ennui était constant, le japonais savait se montrer reconnaissant vis-à-vis d’une joueuse intéressante qui n’allait pas se coucher même si elle n’avait pas les cartes gagnantes, bluffant jusqu’au bout…

Enfin quoiqu’il en soit, tu ferais mieux d’aller en cours... Faudrait pas que ta chère dirlo te tombe sur le dos pour avoir séché hein, ça ruinerait tout tes efforts pour te tenir à carreau. Surtout si elle te trouve avec moi.

Depuis le début de leur entrevue hasardeuse, Ryuunosuke ne parvenait plus à ravaler le sourire narquois qui naissait tout naturellement sur ses lèvres, ravi de la tournure des évènements même s’il s’était fait plaquer contre les casiers et que ses épaules lui faisaient un mal de chien à présent mais bon, il analyserait tout ça un peu plus tard dans sa chambre. Moqueur, le jeune homme applaudit légèrement lorsqu’elle répéta son nom correctement, les yeux brillants d’une douce ironie. Et bien sur, elle ne put s’empêcher de le rembarrer plutôt brutalement, exactement comme lui l’aurait fait mais il l’avait à peine écouté, préférant agir dans la minute. Commençant à comprendre son fonctionnement puisqu’ils agissaient tous deux de la même façon, il se doutait qu’une fois partie sur un coup de gueule, on ne l’arrêtait plus et que bien sûr, ça allait l’emmerder d’autant plus s’il la trainait sans avoir l’air d’écouter ce qu’elle lui disait. Et il ne se trompa pas, m’enfin il n’imaginait pas non plus qu’elle n’allait pas opposer une aussi faible résistance et cela le décontenança légèrement mais le temps d’arriver aux casiers, son air était déjà redevenu arrogant et sûr de lui. Seulement comme une mauvaise habitude, elle ne put s’empêcher de l’ouvrir et il soupira, longuement, histoire de lui faire saisir qu’elle lui courrait sur le haricot avec ses conneries. Néanmoins, pas une fois le jeune homme n’avait répliqué, se contentant d’accélérer l’allure dès qu’elle l’emmerdait trop, ils étaient donc presque en train de courir lorsqu’il s’arrêta. Une chance pour elle qu’elle l’ait saisi sinon il allait le lui faire bouffer tant sa présence et surtout ses réflexions étaient énervantes pour le sang froid du pauvre japonais.

Evidemment que c’est propre, baka. Pas besoin de me le rendre, au cas où que tu recroises un type et décide de lui foutre en l’air sa journée pour l’accuser d’avoir craqué à distance ta jupe.

Elle le renifla et Ryuu leva les yeux au ciel, exaspéré. Cette fille avait beau lui ressembler, elle n’avait aucune manière, agissant comme la plus vulgaire des catins et encore ces dernières putes de luxe s’avisaient d’avoir un minimum de classe, autant dire que Maxine en était totalement et irrémédiablement dépourvue. A croire que malgré leurs ressemblances, la jeune femme était étrangère au cercle fermé de la haute société, l’Upper East Side comme on l’appelait à New York, cette jeunesse dorée et décadente qui se fichait de tout, surtout de dépenser des millions de dollars rien que pour avoir le style wanna-be mais qui restait cultivée, hypocrite et emberlificotée de bonnes manières avec les différentes façons de saluer quelqu’un selon la fortune parentale. Bref, au milieu de ce tableau idylle, la jeune femme lui faisait figure de vilain petit canard tout comme lui, à l’inverse que le jeune japonais lui savait manier l’hypocrisie et s’en était servi plus d’une fois. Ne pouvant renoncer à une ultime pique, il l’avait presque envoyé paitre et en retour elle le frappa. Pas étonnant de la part d’une brute épaisse…

Tu ne disais pas ne pas vouloir d’ennuis Preston ? Il lâcha un soupir, faisant mine d’être contrarié par la tournure de la situation mais en quelques secondes, il avait plaqué la jeune femme contre les casiers, profitant lâchement de sa surprise, s’appuyant contre elle. Ce que je veux ? Un délicieux sourire fleurit tandis qu’il levait sa main droite pour venir caresser la joue de la jeune femme, sachant qu’il allait probablement la rendre folle de rage. Et si c’était… toi ?

Sa voix n’était que murmure et bien entendu, il ne faisait que jouer pour la provoquer. Les gens qui s’énervaient ou laissaient la maitrise d’eux-mêmes à de violentes émotions étaient bien plus facile à manipuler que quelqu’un réfléchissant de manière concise, il ne l’ignorait pas et anticipait la réaction de la jeune femme. Toutefois, il hésitait à jouer le dandy amoureux ou le japonais fourbe pour mieux obtenir ce qu’il voulait. Bah de toute manière, il avait également son briquet comme appui non négligeable… Il songeait également que faire preuve de trop de confiance le mènerait à sa perte et ne pourrait pas un instant relâcher sa garde car il n’y avait rien de plus haïssable qu’un rat attendant que son maitre ait le dos tourné pour le mordre jusqu’au sang et la jeune femme était à n’en pas douter de cette espèce là.

La main de Maxine fendit l’air et le visage de Ryuunosuke ne put qu’encaisser le coup. La douleur fusa aussitôt mais le jeune homme esquissa pourtant un sourire, mi-incrédule, mi-amusé. Bon sang ce que cette fille en voulait… Le japonais sentait son sang bouillonner dans ses veines mais il s’efforça de l’ignorer, se contentant de sourire en tournant son visage de manière à rencontrer de nouveau ses yeux et bien qu’il semblait apprécier la situation, ses yeux noirs s’étaient plus assombris qu’à l’accoutumé, brûlant d’une froide colère.

Epineuse… se contenta-t-il de murmurer, faisant référence à sa gifle.

Il hésita sérieusement à l’effrayer et puis finit par reculer à peine, plongeant ses mains dans ses poches, d’un air plus que suffisant alors que ses pupilles étaient redevenues normales, l’accès de fureur étant dissipé du moins chez le jeune japonais. Esquissant un sourire en coin, il ne put s’empêcher de la toiser avant de déclarer d’un ton presque navré:

Même ma grand-mère frappe plus fort que toi Preston.

Il retira ses mains de ses poches pour croiser ses bras, songeur. Evidemment, elle devait penser qu’il allait se plier à ses volontés, qu’il avait trouvé plus fort ou plus rusé que lui bref une connerie du genre et le jeune homme se demandait s’il devait lui gâcher la surprise maintenant ou jamais. Remarquant distraitement qu’elle était toujours en shorty, il finit par s’assurer que personne ne trainait dans les couloirs avec une moue.

Hey Preston dis, tu faisais quoi le soir de l’incendie ? Parce que je pense que ça intéresserait beaucoup Van Der Haal de recevoir deux témoignages et une preuve certifiant que c’est toi qui a très certainement mis le feu à l’Académie. En même temps avec un dossier comme le tien… Pas étonnant.

Un fouineur, voilà ce qu’il était. Fouinant à droite et à gauche, il en avait entendu des rumeurs rien qu’en sachant comment manipuler les gens, histoire d’entendre ce qu’il voulait savoir, ça et quelques recherches sur internet et dans les vieux journaux, ça avait légèrement occupé le jeune homme à distance et maintenant il avait l’occasion de mettre à profit les nombreuses heures de recherches. Il en disait suffisamment sans trop en dire trop non plus et n’était toujours pas parvenu à se décider. Allait-il la dénoncer ou mettrait-il un malin plaisir à faire tourner en bourrique la vieille carne qui leur faisait office de directrice ?

A titre d’informations Preston, singea-t-il en se rapprochant soudainement, plaquant ses deux mains de chaque côté de la tête de la concernée, avançant son visage vers le sien. J’ai toujours ce que je veux. L’une de ses mains quitta le casier pour venir caresser du bout des doigts sa mâchoire. Mais maintenant la question que je me pose, c’est : joueras-tu avec moi ?

Provoquant, le jeune homme alla jusqu’à déposer un bref baiser sur les lèvres de la jeune femme avant de se reculer, connaissant sa violente réaction par avance. Bien sûr qu’elle allait jouer et être une adversaire aussi tenace voire plus que les forces de l’ordre et la vieille réunis mais c’était si amusant d’avoir enfin un jeu digne de ce nom, un jeu où l’erreur pouvait être difficilement rattrapable et où passé une certaine limite, la vie vous empêchait de vous coucher. Néanmoins, agir ainsi pouvait être jugé suicidaire, surtout avec la jeune femme dont la réputation n’était plus à faire mais c’était follement excitant et Ryuunosuke avait tendance à adorer l’adrénaline. Il allait certainement paraitre coupable si une enquête était faite, d’ailleurs il était étonnant qu’il n’en ait pas eu vent puisque tout de même un élève y avait trouvé la mort et ayant trainé ses oreilles cette nuit là, le japonais avait entendu dire qu’il avait succombé à une perte de conscience avant de brûler vif, une mort très sympathique en somme. Quel dommage que ce dernier n’ait pas hurlé… L’étudiant étranger y aurait certainement trouvé son compte en le rappelant sans cesse à la meurtrière présumée mais sachant également que ce soir là elle était sous l’emprise de drogues, il était possible que le véritable coupable fut tout autre. C’est pourquoi, il la piquait de temps à autres pour voir si elle se souvenait précisément de cette nuit-là parce que si tel n’était pas le cas, le fait qu’elle se sente coupable et pense assumer la responsabilité de l’incendie, était suffisant pour Ryuu, même s’il devrait alors rechercher un autre responsable. Tout bien réfléchi, cela serait drôle s’il s’avérait que ce n’était pas elle alors que tout le monde commencerait à le penser. Il n’aimait pas les fins attendues et espérait que celle-ci serait grandiose, pourvu que Maxine ne le déçoive pas...

La peur fusa chez Maxine et sur ses gardes, Ryuunosuke sentit le changement s’opérer, remarquant le subtil frisson échappé de ses épaules. Retenant une grimace d’amertume, le jeune homme se contenta d’une vague satisfaction à l’idée qu’au fond tous ses congénères étaient identiques, tous froussards devant lui, tout simplement parce qu’il n’agissait pas comme un jeune homme très équilibré. Sincèrement, il se doutait qu’il ne l’était pas, ou tout du moins pas tout à fait. Son coté provocateur surgirait toujours pour balayer sa raison, même si la douleur serait l'accompagnatrice du japonais, au fond être mal accompagné plutôt que seul ne le dérangeait pas. Il se rembrunit légèrement lorsqu’elle commença à rire, se sentant subitement vexé pour une raison inconnue. Il aurait dû être furieux mais non, la colère ne venait pas et il la dévisagea simplement, sentant ses poings se crisper de manière instinctive. Négligent, il haussa les épaules, l’air malicieux, jouant sur les différentes facettes qu’il montrait, tour à tour, certaines fois sans aucun rapport, subissant les à coups de ses pensées et émotions.

Peut-être… Peut-être pas.

Le jeune homme avait distraitement remarqué son geste pour ramasser son jogging mais il tenait à ce que la discussion s’éternise, non pas qu’il lui fut agréable de la voir jambes nues mais plutôt parce qu’elle allait subir la morsure glacée du casier dans quelques secondes et ressentirait avec plus d’acuité la température glaciale du métal si elle restait peu vêtue et puis tout cela rendait la situation un peu irréaliste et cela lui plaisait. Enfin suffisamment pour qu’il en ait oublié son envie de fumer… Evidemment, elle fit comme si de rien n’était mais perspicace, Ryuu remarqua un soudain et léger intérêt de sa part, tout à fait inhabituel vu ses précédentes réactions. Oh. Aurait-il touché un point sensible ?

Oui. Tu sais… ce fameux soir.

Il ne paraissait pas voir à quel point son trouble était grand mais parut le deviner en la voyant s’appuyer contre les casiers et l’exultation fit accélérer son cœur. Jubilant secrètement, il détailla avec une affectation presque médicale les différentes réactions de la jeune femme. Une impression proche du désespoir le fit frémir en la voyant baisser les yeux. Déjà la fin de la partie ? Achever si rapidement sur un échec et mat n’était pas glorieux en soi. Néanmoins, ravalant sa déception, il nota chacune de ses réactions, imaginant certaines, enjolivant d’autres. Les êtres humains étaient si pathétiques une fois confrontés au gouffre, obligés de sauter qu’il avait presque envie de tourner les talons et d’aller directement la dénoncer avant de faire une petite sieste ou d’ouvrir une boite de cookies… Lui qui avait tant revécu cette nuit là et surtout le moment où ses yeux s’étaient posés sur le visage qui lui faisait face, était quelque peu désappointé mais pas tellement, croire en l’être humain pouvait se révéler si… inutilement cruel. Ils étaient tous de stupides fourmis, trimant jour et nuit pour un jour s’éteindre, insatisfaits du temps imparti, tous les mêmes au fond.Mais le joueur en lui s’était brusquement éveillé et il n’avait pu s’empêcher de la provoquer un peu plus, de l’effrayer davantage, histoire de bien appuyer sur une plaie à vif. Il ne pouvait s’en empêcher, c’était plus fort que lui, le jeune homme ne savait rarement quand s’arrêter au bon moment et ne considérait pas cet instant comme le bon alors il escomptait continuer.
La soumission de la jeune femme s’avéra remarquable et le déstabilisa fortement bien qu’il n’en laissa rien paraitre. Il n’avait plus aucune envie de la protéger de la directrice et des forces de l’ordre si elle se montrait coopérative, si son pathétisme la poussait à accepter tout, si elle ne se révélait pas digne d’aide. Peut-être avait-il simplement trop regardé Saw et ses suites… mais il était plutôt d’accord avec l’idée que si quelqu’un se pliait si facilement au destin qu’on lui imposait, ce quelqu’un ne méritait pas d’être aidé. Et à l’idée qu’elle en fut une, un agneau sacrifié pour ses tests, l’estomac du japonais se serra. Etait-ce parce qu’il ne supportait pas la défaite ? Probablement. Même s’il la dénonçait, il se sentirait mal parce qu’il se serait trompé pour la première fois sur quelqu’un, quelqu’un qu’il avait cru différent.
Mais ses opinions volèrent en éclats lorsqu’à ses oreilles retentirent une misérable voix. La colère afflua et bourdonna aussitôt, l’empêchant de comprendre distinctement ce qu’elle disait. Ryuu ne pouvait s’empêcher de lui en vouloir, elle ne devrait pas se laisser faire, ce n’était pas supposé se passer comme ça. Quel était l’intérêt ? Il n’était pas un vulgaire maitre chanteur. Cette affaire aurait du être sa plus belle œuvre mais moisissait péniblement sous la facilité avec laquelle elle semblait prendre toute cette histoire. Et puis elle eut une réaction des plus surprenantes, repartant avec une assurance, certainement feinte mais agréable à voir. Ne pouvant s’empêcher de tressaillir lorsqu’elle parla de le planter, retenant malgré lui, sa main droite qui avait amorcé un geste pour venir effleurer son propre abdomen, vague fragment de mémoire subsistant après une ancienne blessure et la laissa retomber bien vite. Il entrouvrit les lèvres pour répondre mais elle le poussa et il ne put en placer une qu’il était déjà enfermé avec elle dans un placard. Haussant un sourcil sous la suspicion, il se demanda bien quel plan tordu elle préparait et écarquilla les yeux en la voyant commencer à se déshabiller, surpris. Le trouble effleura son esprit alors qu’il sentait ses mains sur sa nuque et se mordit légèrement la lèvre inférieure. Bordel ce que c’était traitre ! Et pourtant, ça ne le dérangeait pas plus que ça, même s’il était navré de voir une fille aussi remarquable agir comme la pire des catins, une deuxième Kristen Jones en somme, regrettable. Ses mains vinrent pourtant naturellement dans le bas de son dos, retenant la jeune femme contre lui, les yeux clos, appréciant les quelques secondes d’ivresse d’un baiser échangé. Le bouleversement de ses sens l’empêcha de sentir Maxine rechercher désespérément son briquet dans ses poches, bien qu’il fut conscient du chemin de ses mains, l’hypothèse d’une trahison s’évanouit sur ses lèvres, sentant celles de la jeune femme dans son cou. Mobilisant toute sa volonté pour ne pas s’égarer, ses mains remontèrent doucement dans son dos, hésitantes, effleurant à peine sa peau, de crainte de ne pas pouvoir se maitriser. Il savait que ce n’était pas correct et pourtant, son corps réagissait malgré lui aux assauts de la jeune femme. Ses doigts s’étaient arrêtés au soutien gorge, réfléchissant à le dégrafer pour le retirer mais il dut repousser un soupir de plaisir lorsqu’elle s’intéressa au lobe de son oreille, endroit très sensible et très apprécié. Ryuunosuke ne comprit donc pas tout à fait la situation lorsqu’il sentit sa main dans la poche avant de son jean, la seule information que diffusait en boucle son cerveau légèrement atrophié était l’absence de son corps contre le sien et puis dans un battement de cœur plus tard, il la vit, dos collé contre la porte, chercher quelque chose. Penchant à peine la tête vers la droite, il ne comprenait pas vraiment et dût se protéger les yeux d’une main lorsque la lumière fusa dans ses prunelles mais les yeux plissés, il entrevit ce que la jeune femme venait visiblement de retirer de sa poche et ne sut comment réagir. Une chance qu’il ne soit pas idiot au point de se trimballer avec une pièce à conviction sur lui, accessible au premier crétin venu… Les seuls bruits qui agitèrent un silence omniprésent le firent sourire alors que sa main s’abaissait de nouveau. Comme l’on pouvait s’y attendre, son sourire était loin d’être chaleureux, s’approchant plus du sourire carnassier d’un fauve devant sa proie que d’un réel sourire colgate mais bon, on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a…
Incrédule, il la toisa avec son malheureux stylo et ricana simplement devant son nez. Pas le moins du monde effrayé par un bic, Ryuu fit bien plus que bouger un seul petit doigt et s’avança vers elle, jusqu’à ce que la bille du stylo vienne toucher son torse. Ses mains vinrent entourer celle de Maxine pour venir la placer au niveau de son propre cœur qui accéléra tout simplement en réponse.
Plantes-moi alors si tu l’oses. Ou bien es-tu seulement capable de m’écrire dessus chérie ?

C’était épouvantablement jouissif de se moquer d’elle, tout aussi agréable que ses baisers, bien que simulés mais il savait qu’il ne retenterait surement pas l’expérience, se doutant d’avance de sa perte. Son corps s’était un peu trop réchauffé à son gout à son contact et cela le contrariait fortement mais il ne pouvait pas manifester le loisir de se questionner à ce propos devant elle. Il lui fallait faire preuve d’assurance, assurance qu’il avait un peu égarée en chemin mais qui revenait doucement… Il attendait tout simplement qu’elle le plante comme elle l’en menaçait et puis finit par soupirer, lâchant ses mains.

Je m’en doutais. Que de la gueule…

Le jeune homme recula, secouant doucement la tête et alla s’asseoir sur un carton avec une légère lassitude, oubliant de reboutonner sa chemise mais qu’importe. Il s’abstint de tout commentaire durant quelques minutes avant de relever le regard et de croiser le sien pour l’énième fois de la journée. Il paraissait pensif, un peu perdu, peut-être un peu tout à la fois, subissant sans flancher de longs questionnements sans trouver de réponse mais tandis que ses yeux s’ancraient de nouveau dans les siens, les interrogations n’avaient plus lieu d’être.

Je ne te dénoncerais pas si c’est ce que tu veux savoir. Enfin pas pour le moment en tout cas, même si j’aurais toutes les raisons de le faire… Le simple fait que tu aies tenté de jouer avec moi est la preuve que tu te sens coupable et reconnais être la cause de l’incendie ou bien… tu n’en sais rien.Son arrogance se fit de nouveau la part belle alors qu’il lui faisait un clin d’œil appuyé.Je me contrefous que tu plonges, Preston. On ne se connait pas, on n’est pas amis mais j’aime l’idée d’emmerder la Van Der Haal alors si c’est toi qui as foutu le feu, je couvrirais ton joli derrière. A seulement quelques conditions…