Another stupid love song... [Miss n'MnM's]

[mdr c’est gentil^^]

Wayne grattait toujours sur sa guitare comme si se faisant, il exorcisait tous les mots qu’il parvenait pas à dire, tous les gestes qu’il ne parvenait pas à faire mais surtout tous les sentiments qu’il ne parvenait pas à taire. Il avait beau les enfouir, au gré de la musique, ils ressortaient toujours. Pourtant, il se ressentait un certain apaisement à les exorciser, puisqu’il ne pouvait les vivre, réussirait-il à s’en délivrer ? Alors qu’il allait enfin mettre des mots sur ses sentiments, son oreille, habituée à la musique qu’il jouait, remarqua un bruit qui n’existait pas auparavant, un bruit qui ne devrait pas exister. Cela ne provenait pas de sa guitare alors ça ne pouvait être qu’extérieur…. C’était Elle. Sans même la voir, il le savait. Il reconnaissait son pas et un sourire dorénavant triste gagna ses lèvres. Il ne se mit à chanter que lorsqu’il n’entendit plus son pas. Elle s’était probablement assise puisqu’il ressentait sa présence comme s’il était irradié de soleil, mais il l’était par Elle.

« Seeing you walking under the rain
Feeling all of your pain
I wish I could touch you…
Again. »

C’était ses souvenirs qu’il ravivait à travers la guitare, les siens, les leurs. Ceux d’un « nous » qui n’avait pas existé et qui n’existerait peut-être pas, avait-il eu sa chance et l’avait-il contournée sans la voir ? Ou était-ce là, sa véritable chance. Son véritable espoir. Wayne lui aurait tout donné et c’était ce qu’il comptait retranscrire dans ses paroles, il les improvisait, au fur et à mesure mais c’était devenu ça, sa vie, depuis qu’elle était partie, depuis qu’elle avait changée.


« Girl, I can’t recognize you anymore
I can’t see you with those men,
They all are rotten to the core.
I can’t hurt you more…
Than they already did. »

Bien que Wayne ignorait ce qui avait poussé la jeune femme à changer ainsi, il aspirait à la jeune femme qu’il avait connue et s’il pouvait la faire revenir, alors il n’hésiterait pas une seule seconde, donnant corps et âme à la tâche parce qu’il croyait fermement qu’elle en valait la peine et puis que valait un sourire, un de ses sourires ? Beaucoup trop aux yeux du jeune homme, la voir rire, sourire, pouvoir la toucher était un rêve inaccessible, inavouable sauf au travers de cette chanson. S’y reconnaîtrait-elle ? La toucherait-elle ? Le jeune homme n’en savait rien mais continuait tout de même. S’il ne le faisait pas pour elle, il le faisait pour lui. La vérité, toute la vérité, rien que la vérité, qu’elle soit vraie, fausse. Tout simplement la vérité.

« Oh please, remember… those nights
When you were by my side, I thought…
That we were so right.
Don’t leave me… tonight. »

Sous ses yeux clos, il en oubliait presque sa présence mais son cœur battant le lui rappelait si vite, trop tôt. Elle était là, bien réelle, faite de chair et de sang. Elle ne devait pas le reconnaître, il avait changé, grandi, mûri un peu. Alors il alternait les phrases chantées et celles à peine murmurées, suivant son instinct, guidé par la Muse qui lui faisait presque face. Sa main accéléra sur les cordes, au paroxysme de son trouble.

« And believe me when I say
I loved you ‘til the first day
Now, I’m trying to pretend that
Everything never existed
But it’s so hard to go away »

Revenir vers le début. Celui qui importait tant comme à chaque fois, c’était des débuts dont on se rappelait le plus durant l’instant présent et quand l’avenir pointait le bout de son nez, seule la fin importait. Wayne établissait ses confessions, des confessions si douloureuses qu’il sentait son cœur se serrer mais il devait continuer, il le fallait. Tant qu’elle était là, il saurait trouver les mots pour délivrer peu à peu son âme.

« I dont know what happened
You became someone else
Love is a game we never played
So c’mon, everything is gonna be okay »

Le jeune homme avait gravé leur histoire sur sa peau pour ne jamais l’oublier et il avait le plus grand mal à empêcher sa voix de se briser, sa voix qui était déjà trop rauque. Cette chanson qui ne valait rien, signifiait trop pour lui. Et pourtant malgré la douleur qui survenait dans sa gorge, serrée par l’émotion, il ne lâchait pas prise parce qu’il savait que lorsqu’il le ferait, il devrait lui faire face et ce n’était pas quelque chose à laquelle il était prêt, pas encore….


« Oh please, remember… those nights
When you were by my side, I thought…
That we were so right.
Don’t leave me… tonight. »

Si sa chanson finissait, elle s’en irait. Il n’en doutait pas le moins du monde, espérant que sa chanson n’aurait jamais à finir parce qu’il aurait pu rester une éternité à chanter, à chanter pour elle, pour lui, pour eux. Wayne se sentait vide émotionnellement, il avait mis trop de lui dans une chanson qu’il n’était pas sûr d’aimer mais tant pis. La fin était proche.

« I’m not asking you for more
As they did before
Let me show you,
That I wanna be with you. »

Le dernier couplet. Et il accepterait qu’elle s’en aille. Et il ferait face. Face à ce surplus de sentiments qui envahissait sa poitrine déjà compressée. Le musicien ne sentait pas la douleur dans ses doigts ni celle qui entravait ses mots, il sentait juste son regard. Son regard qui semblait le pénétrer et lire au plus profond de lui-même. Qu’importe, il n’avait rien à lui cacher….

« I can’t stand your tears,
I can’t erase your fears
But I’m gonna try
If you let me be the one… »

Sa main ralentit alors qu’il ouvrait les yeux. L’instant qu’il avait attendu durant de longues minutes, et même plus, l’instant de toute une vie ou presque. Wayne avait tenté d’insuffler tout ses doutes, toutes ses craintes mais aussi tout ses sentiments dans sa création. Pour lui, ça n’avait eu qu’une valeur, la sienne, celle du visage dans l’ombre qu’il guettait dorénavant, n’ayant eu aucun mal à la localiser, tous ses sens le lui hurlant.

« Let me be the one…»

Voilà. C’était fait. Dans l’obscurité de cette vieille salle de musique, tout était dit. Alors il n’ajouta rien, attendant simplement.

Les yeux clos, il sentait sa présence comme marquée au fer rouge. Il aurait pu décrire chacun de ses gestes, chacune de ses expressions. Et bien qu’il souhaitait de tout son être tremblant, ouvrir les yeux et ne chanter que pour elle, il se l’interdisait. Ce n’était pas pour elle qu’il chantait. C’était pour accepter que tous les souvenirs qu’il avait d’elle s’en aillent. La Kristen qu’il avait aimé éperdument était partie, il aurait du le comprendre…. Pourtant, celle d’aujourd’hui était là, près de lui, présente, attentive. Mais Wayne ne pouvait plus se permettre d’espérer. L’espoir faisait trop mal, c’était une plante qui s’enracinait trop profondément, lui faisait croire toutes les folies et qui même en cet instant lui faisait croire que c’était encore possible, qu’il n’avait qu’à tendre les doigts pour la toucher, qu’il pouvait être là pour elle. Sa gorge qui se serrait, était-ce l’amorce de larmes qui n’avaient jamais vues le jour ? En était-il seulement capable ou plutôt en avait-il seulement le droit ? Pleurer, exorciser cet amour qu’il ne savait dorénavant voir, ressentir…. Était-ce juste ? N’avait-il pas juré au nom de ce même amour de ne pas faiblir, de ne pas s’accorder de répit avant d’avoir trouvé la cause de son changement ? Et pourtant il ne pouvait s’empêcher de chanter, cela lui était aussi vital que respirer ou l’aimer. Sans cela, il n’était rien, il n’était plus.
Le jeune homme l’avait aimée, il l’aimait toujours, du néant de son être. Pouvoir lui sourire, effleurer de ses doigts sa peau diaphane, toucher de ses lèvres son sanctuaire vermeil. Tout ce qui n’était qu’une douce torture, son agonie, il la ressentait à présent du plus profond de son âme. Souhaitait-il réellement ne plus le ressentir et n’être plus qu’une coquille vide ? Dans sa souffrance, il puisait la force de se battre pour elle, jour après jour, nuit après nuit. Avait-il seulement le droit de l’abandonner ? Tant de questions sans réponses. Son paradoxe amoureux le laissait démuni, tel un enfant balbutiant qui ressentait ses premiers émois, qui faisait ses premiers pas dans ce monde qui lui était étranger.

A la vision d’autres mains que les siennes parcourant le corps de la jeune femme, d’autres lèvres cherchant les siennes, d’un autre homme l’aimant comme il brûlait de pouvoir le faire, au grand jour, avec cet air stupide qu’ont les amoureux transis, le musicien sentait une colère venue du plus loin des âges s’emparer de sa conscience, plus que de la colère, c’était de véritables bouffées de haine qui déformaient sa vue. Il n’avait jamais connu ça auparavant, cette jalousie si dure à maîtriser, ce
cheval fou cherchant à le désarçonner par tous les moyens. Si quiconque osait lui faire du mal, il ne jurait plus de rien, aveuglé par sa sourde haine. Était-ce cela qui l’avait changé comme il le chantait ? Avait-elle succombé au topos classique des chansons d’amour ? Le sportif n’en savait rien mais priait pour que la raison soit tout autre, ne sachant que trop bien qu’il risquait de s’aveugler lui-même si jamais il apprenait la vérité ou du moins cette vérité là. Vraie, fausse, il n’en savait rien.
Mais en prenant conscience de sa vulnérabilité, il prit également conscience d’une autre vérité. Oui, plus que tout, il voulait la protéger de tous les maux parce qu’il l’aimait, parce qu’il ne savait pas comment il réagirait en voyant la douleur, reflet de la sienne dans ses doux yeux marbrés mais saurait-il, réussirait-il à la protéger de lui ? Du mal qu’il pourrait lui faire ? Qu’importe si le mal serait conscient ou inconscient, le résultat serait là. Se souvenant des paroles d’Angeline lorsqu’il était enfant, il se sermonna, bien qu’on disait que l’homme qui méritait les larmes d’une jeune fille serait celui-ci qui ne la ferait jamais pleurer, il était humain de faillir, il ne pouvait que tendre vers un idéal d’homme, l’homme dont Kristen rêverait. Et cet homme là, il espérait qu’un bout était présentement en train de lui livrer ses états d’âme de sa voix trop chargée d’émotions, de peines, de larmes qui n’avaient jamais existées.

Le jeune homme sous ses yeux toujours clos, voyait d’autres scènes, d’autres temps comme il la sentait elle, toujours là, sa Muse. Le refrain semblait pourtant hors du temps, hors de cette histoire qu’il avait tissée seul, dans la pénombre de ses nuits. Ils n’avaient jamais dormis ensemble, pas réellement. Bien qu’il se soit déjà réveillé avec la sensation qu’elle était à seulement quelques centimètres de lui, le cœur gonflé d’espoir mais en ouvrant les yeux, il avait découvert un tout autre visage, la déception au bord des lèvres. Wayne avait dormi avec bien des filles mais ce n’était pas elle, ce n’était jamais elle. Comment aurait-elles pu la remplacer ? L’unique vers laquelle tendait son cœur…. Et toutes ne manquaient pas de partir, larmes aux yeux, laissant un jeune homme incrédule derrière elles, la joue brûlante. Y était-il pour quelque chose si le seul prénom qui lui venait en tête était celui de Kristen ? Combien de jeunes femmes avait-il appelé par ce prénom si tentateur ? Trop, beaucoup trop…. Et si aujourd’hui était la fin de ses espérances, il osait leur souhaiter une fin digne. L’héritier Scott n’avait qu’à lui dire, lui révéler ses sentiments et partir, la laisser partir de sa cage dorée. Cette même cage dorée qui avait vu naître ses plus beaux mots serait détruite par le plus beau des sentiments, l’amour, un amour intemporel car il avait tatoué son amour sur sa peau à l’encre de ses lèvres, dont il n’avait pu que rêver à défaut d’avoir de les avoir goûtées.
Lorsqu’il rouvrit les yeux et découvrit ses larmes, son cœur cessa un instant de battre. La pièce se mit à tournoyer brutalement tandis qu’il la fixait, interdit. P…Pourquoi pleurait-elle ? Qu’avait-il fait de mal? L’abysse. L’horreur. Il n’était ainsi bon qu’à ça ? En se délivrant, l’avait-il chargée d’un poids trop lourd pour ses frêles épaules ? Il ne comprenait rien et l’angoisse serra son cœur, lui laissant un goût d’urgence aux lèvres. C’était maintenant que tout se jouait. S’il avait quelque chose à dire, à faire, il fallait le faire maintenant ou le taire à jamais.

« Kristen…. »

C’était doux à dire parce que pour la première fois, il le disait à la bonne personne. Sa guitare touchait à peine la chaise qu’il s’avançait vers elle. Dorénavant plus rien ne comptait si ce n’était elle. Ignorant la cause de ses larmes, il se mit à regretter les paroles de sa chanson. Malheureusement la position de la jeune femme entravait les actes du jeune homme qui souhaitait la prendre dans ses bras, tenter de la réconforter du mieux qu’il pouvait. En voyant ses jointures blanches et ses yeux perdus, affolés, le cœur du jeune homme s’emballa. Ce n’était pas ainsi qu’il avait souhaité que les choses se passent. Cela ne devait pas se passer comme ça mais la vie ou le destin n’en faisait qu’à sa tête. Avait-il touché trop profondément, craquelé la façade de la jeune femme ? Cette question à laquelle il aurait voulu trouver réponse plus tôt, savoir si cela était possible, n’avait plus aucune importance face à ses larmes. Wayne se heurtait à une Kristen qui l’effrayait tant elle paraissait loin de ce qu’elle avait été. Il était néanmoins trop tôt pour se fustiger lui-même. Renonçant à la prendre dans ses bras, il s’accroupit légèrement, de manière à pouvoir voir son visage.

« Kristen. Je suis désolé…. Je… Je ne savais pas. »

Il ne savait effectivement pas qu’elle réagirait comme ça, réalisant douloureusement son ignorance. Sa main s’avança vers elle, hésita, suspendue à mi-chemin pour se poser sur son poing crispé, craignant sa réaction. Cette Kristen là était effrayante, drapée dans sa douleur, une douleur visiblement trop longtemps réprimée qu’il avait éveillé comme en soufflant sur les braises d’un feu pas tout à fait éteint.
Wayne malgré la croix qu’il avait toujours porté autour du cou, ne croyait pas en Dieu, il n’y avait jamais cru, contrairement à Manuel qui lui avait offert ce présent, il y a bien longtemps. Et lorsque le jeune homme le lui avait fait remarquer, son parrain s’était contenté d’un sourire étrange et de quelques mots « on a toujours besoin que quelqu'un nous vienne en aide un jour ». Était-ce le tour de Kristen ?

« Je…. Je ne voulais pas. »

Il entrapercevait à présent son égoïsme. Il était la cause de ses pleurs comme ne cessait de le titiller une voix intérieure. C’était lui qui avait entrouvert la vanne. Lui qui sans le savoir avait brisé le miroir du passé, d’un passé trop lourd à porter comme en témoignait ses sanglots bruyants. Lui, lui, lui. Tout était de sa faute n’est-ce pas ? Il voulait fuir. Fuir cette salle qui commençait à lui faire perdre ses moyens, sentant sa vision s’altérer. NON. Il n’avait jamais pleuré auparavant, pas maintenant, pas à cause de ça….

« Kristen…. »

La fois précédente, sa voix reflétait son angoisse mais cette fois-ci son ton rauque trahissait son émotion. Serrant sa main, dans une tentative de la faire revenir à elle-même, il ne pouvait quitter cette salle, pas maintenant qu’il était allé trop loin. Il avait attendu trop longtemps pour comprendre que la jeune femme qu’il avait aimé était toujours vivante, anesthésié sous une apparence de Bitchy. Elle en avait fait du chemin, la jeune Jones depuis. Et lui, Wayne Scott, un footballeur aux grandes ambitions, se permettait de mettre à néant tout ces efforts et c’était lui, lui qui prétendait l’aimer qui l’avait détruite….
Le sang cognant bruyamment à ses tempes, il songea une nouvelle fois à fuir mais fuir pour aller où ? Il ne pourrait pas passer sa vie à fuir mais il pourrait la passer à vivre un mensonge, un de plus ou un de moins où était la différence ? Sa main libre vint contre la joue de Kristen, effleurer ses larmes. Il voulait croiser une fois de plus son regard, pourfendre sa douleur de sa culpabilité, sachant qu’à défaut de ne savoir la raison de sa douleur, il pouvait en ressentir une équivalente….
Wayne voulait apprendre à la connaître, même si cela ne devait être qu’en tant que confident. Il se rendait compte seulement maintenant qu’il pouvait renoncer à vivre son amour tant qu’il ne verrait plus jamais ce regard là, ce regard qu’ont ceux qui en ont trop vus. Plus jamais….